À perte d’énergie

La survie du numérique sans électricité ?

Ce texte naît de la rencontre de deux figures globalisantes et ubiquitaires1 : la maîtrise de l’électricité d’une part et la naissance des technologies numériques de l’autre. Le déploiement de ces dernières ayant été rendu possible grâce à la maîtrise de la production à grande échelle de l’électricité. Quelques soixante années plus tard, ces technologies ont suivi l’électricité dans sa représentation globalisante. Les deux entités se présentent à la manière d’une surcouche invisible rendant possible notre monde contemporain2. Le numérique, comme l’électricité, est devenu indispensable au bon fonctionnement de nos sociétés3.

C’est aussi de ce constat que naît la peur de la disparition de ces ressources, la crainte de la chute globale, de la fin du système interactif complexe qui maintient à flot notre humanité4. À cette échelle globale, difficile d’entrevoir des possibilités afin d’éviter ces scénarios dystopiques. C’est la première question qui sera développée dans cet article : quelles autres formes narratives existent dans les travaux d’artistes contemporain·es ? Quels autres possibles et imaginaires sont inventés et avec quelles esthétiques ?

Ces propositions narratives sont essentielles à l’analyse de la question de la chute, de la fin de l’énergie et des interactions qui y sont liées. Nous choisirons comme méthode la proposition science-fictionnelle du « et si … ». Et si d’autres solutions existaient ? Et si la question de l’énergie pouvait être travaillée autrement ? Il s’agit de la base d’écriture de multiples utopies et dystopies proposant une capacité des techniques et des technologies à changer tout ou partie de notre monde. Nous envisageons ici l’emploi de cette forme fictionnelle comme « stratégie spécifique à travers laquelle ce qui est énoncé, raconté, figuré se donne comme une construction et une invitation à l’exercice libre de notre capacité de percevoir, de ressentir ou de réfléchir5. » Cette approche méthodologique permet d’entrevoir les travaux d’artistes ci-dessous comme de multiples propositions et réflexions autour de la relation intrinsèque entre énergies et technologies numériques.

Cette approche esthétique va permettre de questionner ces relations complexes à travers l’analyse du travail de trois artistes contemporains. Pas simplement avec une approche collapsologiste d’un effondrement de l’un par l’autre, mais plutôt en questionnant leurs liens et possibilités d’évolution. Le choix des artistes a été effectué non pas pour illustrer notre propos, mais bien comme propositions plastiques et réflexives à partir desquelles nous dégageons les trois pistes suivantes :

  • un numérique qui deviendrait autonome dans sa recherche d’énergie, se transformant en un objet qui n’a pour seul objectif que de trouver cette énergie nécessaire à sa survie, perdant au passage toute fonction utilitariste ;
  • un numérique se confondant à la nature pour devenir une forme hybride pouvant survivre de manière autonome ;
  • enfin, un numérique éteint, sans fonction mais qui prendrait un caractère sacré ici sous la forme de totems, permettant une analyse de la relation entre numérique et alter-énergies.

Ces propositions répondent à deux interrogations :

  • celle de la perte de ces figures globalisantes et indispensables, ou plutôt l’ouverture à d’autres schémas narratifs interrogeant cette perte ;
  • celle, plus sous-jacente, de l’inhabitabilité du monde et de notre relation à l’environnement et à la technique.

Cette approche esthétique semble essentielle dans la construction d’imaginaires, de possibles et de propositions fortes dans la représentation des modifications à apporter au sein de nos sociétés.

Numérique cherche électricité désespérément

Analysons tout d’abord la relation inéluctable entre technologies numériques et énergie6. Car si la perte d’énergie est une crainte centrale, la coupure de nos machines serait finalement un des premiers effets considérables. Cette vision repose sur deux fondamentaux qui lient la technologie à l’électricité : la première est la capacité d’allumer ou d’éteindre une technologie en arrêtant son alimentation ; la seconde est la problématique de l’autonomie énergétique des appareils.

Ces deux points sont importants car ils relèvent tous deux de notre contrôle sur l’apport en énergie de nos technologies. Cette capacité à allumer ou éteindre un appareil est d’ailleurs le contrôle principal que nous conservons sur les machines et qui maintient une relation d’objet-outil avec ces techniques. Nous citons Emmanuel Grimaud qui, dans une étude sur la relation entre humain et androïde décrit le problème ainsi : « Le fait que les robots s’allument et s’éteignent comme tous les objets électroniques ne facilite pas leur intégration au règne du vivant7. » Cette proposition nous importera dans l’exemple d’œuvre présenté ci-dessous.

Le second point — celui de l’autonomie énergétique — s’intègre dans une problématique d’autonomie plus large. Luisa Damiano et Paul Dumouchel décrivent cette autonomie ainsi : « la capacité à contrôler sa source d’énergie et à la recharger ou à la remplacer8 ». Cette capacité complète le premier point car l’autonomie énergétique n’empêche pas une possibilité externe à éteindre l’appareil, cependant, une fois allumé, il est sous-entendu que ce dernier puisse se débrouiller pour gérer seul son fonctionnement énergétique. En robotique domestique, cette forme rappelle les robots-aspirateurs qui retournent se brancher à leur prise électrique une fois leur batterie déchargée.

Mais ces deux points ne répondent pas totalement à notre problématique de départ. Et s’il n’y avait plus d’énergie électrique disponible ? Comment des technologies pourraient s’adapter à cette perte et développer une possible autonomie pour rester actives ?

Héliotrope

Hadrien Téqui, Héliotrope, 2018.© DR.

Analysons le film Héliotrope de l’artiste Hadrien Téqui, produit par Le Fresnoy – studio national d’art contemporain en 2018. Dans ce dernier, l’artiste met en scène un robot fait de bois, de métal, d’une boule de verre et de panneaux solaires. Le fragile robot déambule dans une forêt à la recherche de la lumière du soleil. Comme l’indique l’artiste, il simule ainsi un instinct de survie, soit l’application d’un certain nombre de règles pour conserver une autonomie et rester en fonctionnement. Pour ce faire, l’artiste donne à son robot une capacité héliotropique, autrement dit, de pouvoir se diriger vers le soleil, voire même de chercher par nature (ou plutôt dans ce cas par programmation) la zone géographique la plus ensoleillée. Le film se déroule sur dix minutes et suit les lents et minutieux mouvements de l’appareil. Pas d’histoire pré-écrite, pas de narration, la caméra suit les périples et l’avancée du robot dans le paysage chaotique et noir des forêts minières, entrecoupant les travellings de plans rapprochés lorsque le robot semble avoir trouvé un rayon de soleil. La boule de verre qui surplombe la machine reflète le soleil et le paysage inversé, comme si ce dernier était analysé comme source ou difficultés potentielles. Comme le précise l’artiste, le robot aux mouvements imprévisibles s’adapte à l’environnement et ce qui l’entoure s’adapte à sa discrète présence. Le film se termine au crépuscule, lorsque le robot utilise l’énergie stockée dans la journée pour continuer à se mouvoir. Nous pouvons ensuite imaginer un arrêt possible pendant la nuit puis une reprise de l’errance lorsque le soleil revient.

En cherchant cette énergie, le robot perd toute fonction d’assistant ou d’outil pour ne devenir qu’un être partageant son espace avec des végétaux et des animaux. Bref, il gagne en autonomie en perdant ses fonctions d’outil. L’artiste précise dans la description de l’œuvre que « Ce dernier tente de trouver sa place, d’introduire son propre rythme dans une partition où dialoguent déjà le végétal, le minéral et l’animal9. » Il serait quasiment dans une posture d’errance induite par la recherche d’énergie, dans le sens décrit par Depardon de « quête du lieu acceptable10 », dans une alternance entre contemplation et action. C’est d’ailleurs avec une certaine sobriété de mise en scène qu’Hadrien Téqui présente son robot, le suivant par plans interposés et travellings lents.

Cette question de l’autonomie énergétique des technologies numériques est ici présentée comme une possibilité d’ouverture pour ce robot. C’est une technologie qui ne répondrait plus à un besoin humain mais à son propre développement. L’artiste met également en scène une possible relation douce entre environnement (la forêt et les êtres qui y vivent) et ce silencieux robot qui ne semble pas impacter son lieu de vie. L’habitabilité de l’environnement dépasse là encore l’unique relation avec l’humain pour proposer une vision plus précise et non dystopique. Même si fictionnelle, cette approche entre technologie, énergie et nature apporte une vision apaisée de cette connexion et appartenance au monde.

Microorganismes, technologies, hybridité

Hadrien Téqui nous propose un robot capable de survivre dans un environnement naturel grâce à une recharge solaire autonome. Mais des technologies imitant les fonctionnements d’êtres vivants sont-elles possibles ? Une hybridité entre nature et technique est-elle imaginable ou souhaitable ? Cette seconde partie est consacrée à cette question de l’hybride, du mélange, de l’apprentissage par analyse de la nature.

Anna Dumitriu et Alex May participent à une résidence en 2018 durant laquelle elle et il travaillent avec Daniel Polani, professeur d’intelligence artificielle à la School of Computer Science de l’University of Hertfordshire ainsi qu’avec la chercheuse en criomicroscopie Amanda Wilson. Lors de ces recherches, les deux artistes se sont intéressé·es aux archées11 (Archaea), microorganismes unicellulaires procaryotes (sans noyau). Ces organismes sont considérés comme les plus anciennes formes de vie sur Terre (et certainement les plus nombreuses également) et ont deux particularités : celle de pouvoir vivre dans des conditions mortelles pour la plupart des formes de vie (températures extrêmes, milieux très acides ou radioactifs, pressions élevées ou lieux sans lumière) ; les archées sont également organotrophes, c’est-à-dire en capacité de produire leur propre matière organique et l’énergie dont elles ont besoin.

ArchaeaBot: A Post Climate Change, Post Singularity Life-form

Anna Dumitriu, Alex May, ArchaeaBot: A Post Climate Change, Post Singularity Life-form, 2018-2019. © DR.

Ces capacités extraordinaires ainsi que la simplicité de leur métabolisme ont servi de base de réflexion aux artistes pour concevoir une forme de vie hybride entre biologie et technologie. Anna Dumitriu et Alex May développent ainsi l’installation ArchaeaBot: A Post Climate Change, Post Singularity Life-form. Cette installation prend la forme d’un aquarium cylindrique rempli d’eau et de roches à l’intérieur duquel flotte une singulière forme organique sphérique et tentaculaire. En basant leurs recherches sur ces formes de vie et sur de l’apprentissage machine pour reproduire certains comportements, les artistes ont tenté « de créer l’espèce " ultime " pour la fin du monde12 ». Ils positionnent cette réflexion dans un courant de réflexion appelé « singularité » ou « post-singularité », autrement dit un futur hypothétique où les technologies peuvent évoluer de manière autonome, incontrôlable et irréversible. Dans ce futur dystopique dans lequel la machine aurait pris le dessus avec une autonomie maximale, les artistes réfléchissent à ce que cela pourrait signifier si cette évolution se faisait dans une symbiose avec la nature. Anna Dumitriu et Alex May apportent ici une autre ouverture à notre problématique d’autonomie énergétique avec cette proposition organotrophe et extrêmophile. Cet ArchaeaBot est une forme ultime de technologie mixte pouvant survivre à la fin de l’humanité, à la perte de toute forme d’énergie fabriquée, voire même en s’adaptant à des conditions de vie extrêmes.

Cette forme électronique plongée dans l’eau nous met face à un paradigme à la fois de la survie à une fin du monde (qui concerne d’avantage la fin de l’humanité que de la planète ou des formes de vie), mais aussi face à une forme complexe qui joue un rôle troublant car déconnecté des logiques utilitaristes de la technologie. Dans cette continuité, se pose la question du rôle de cet organisme dans le fonctionnement de la vie sur Terre. Les archées favorisent le fonctionnement de nombreux cycles dans lequel elles interviennent : le cycle du carbone, de l’azote ou même le fonctionnement de l’appareil digestif humain. Cette version robotique pourrait-elle avoir les mêmes fonctions ou de nouvelles ? Pourrait-elle être vertueuse pour son environnement et les autres formes de vie qui l’entourent ? Ou au contraire, se contenterait-elle simplement de survivre comme l’héliotrope d’Hadrien Téqui, se transformant en un nouveau déchet technologique dès la fin de son fonctionnement ?

Cette exploration de la vie sur Terre dans un cadre post-humain mais aussi post-numérique questionne quant à son possible rôle dans l’écosystème planétaire et dans l’usage et/ou fabrication d’énergies ou d’autres sources de productions organiques viables pour leur environnement immédiat. Nous constatons ici que la question de la technologie à perte d’énergie repositionne essentiellement son rôle en tant qu’outil et en tant qu’entité profitable de différentes manières à son environnement. Ces deux œuvres rétablissent largement les notions d’équilibres entre êtres vivants, technologies et environnements. Elles proposent des ouvertures aux réflexions sur la révolution ontophanique développée par Stéphane Vial, décalant le point de vue vers la machine technologique elle-même. Cet effort de changement de regard permet aussi un refus du rapport thaumaturgique13 de cette ontophanie numérique au profit d’une compréhension profonde du rattachement de la technologie à la Terre et à ses ressources. Par son décalage, la technologie résiste, elle n’est plus fluide dans son usage en tant qu’outil, mais trouve une nouvelle fluidité dans son rapport possible à la nature.

Totem numérique : du totem individuel à l’organisation sociale

Et si cela ne marchait pas ? Et si finalement la relation au numérique en perte d’énergie ne pouvait dépasser le cadre de la représentation ? Et si la technologie s’éteignait ? Cette dernière piste explore un numérique inutilisable. Quels usages et pensées se développeraient alors autour de ces formes ? La proposition étudiée ici est celle d’une totalisation de la technologie passant d’un outil à une forme incarnée. Réfléchissant également à la notion d’énergie, d’alter-énergie et de leur rapport au sein des technologies.

En ethnologie, le totem est un être mythique, souvent animal ou végétal, considéré comme un ancêtre de clan et esprit protecteur et vénéré14. Selon les travaux d’Émile Durkheim en Australie, le totem peut avoir plusieurs fonctions : être un nom et un emblème pour un clan15, être un lien sacré avec un être vivant16, être support d’une cosmologie et d’une hiérarchie des choses de l’univers17, voire même être la représentation d’un individu et de ses spécificités18. La figure du totem est intéressante au regard de la technologie car Émile Durkheim la décrit comme un moyen de faire groupe, de faire lien social dans une cosmologie particulière. Nous le citons : « Pour l’Australien, les choses elles-mêmes, toutes les choses qui peuplent l’univers, font partie de la tribu ; elles en sont des éléments constitutifs et, pour ainsi dire, des membres réguliers ; elles ont donc, tout comme les hommes, une place déterminée dans les cadre de la société19 ». Selon Stéphane Vial, le numérique aurait quant à lui la capacité de modifier notre rapport au monde en étant non pas dans notre monde, mais en parallèle de celui-ci20 ; transformant notre perception par superposition. En cela, il diffère du totem décrit par Durkheim mais induit lui aussi un changement perceptif majeur.

Data Totem

Marcel Schwittlick, Data Totem, 2019. © DR.

L’artiste allemand Marcel Schwittlick propose de penser la forme totémique en lien avec notre aire numérisée. Son œuvre de 2019, Data Totem, est un étrange empilement de trente quatre ordinateurs portables reliés par des câbles Ethernet RJ45. La base de cette colonne d’ordinateurs est composée de vingt-quatre machines noires et empilées horizontalement, surplombées de dix ordinateurs portables Apple gris posés verticalement et attachés par un serre-câble en métal. L’ensemble du totem est ainsi composé de deux strates, un corps sombre et un sommet clair d’où les câbles Ethernet se dispersent (eux aussi sont noirs sur la partie inférieure et blancs sur la partie supérieure). À l’image des totems de bois que l’on retrouve chez certains clans notamment nord-américains, cette sculpture prend la forme d’une colonne, mais également d’un ensemble formé de différentes variations de tailles, d’épaisseurs et de couleurs. Le totem est étrangement uniforme – par le choix des ordinateurs portables – tout en possédant des variations sur sa hauteur.

L’artiste ébranle quelque peu la définition du totem. Il n’est pas ici un objet naturel mais une association d’objets techniques. Il laisse sous-entendre que durant notre ère technophile, la forme naturelle laisse place à des formes techniques et industrielles. La machine devient le corps du totem, non plus ode à la nature mais à la création humaine. La mémoire qu’il comporte est également à la fois tangible, car enregistrée sur disques durs, mais aussi inaccessible car ces machines sont cassées et inutilisables. Cet empilement d’ordinateurs portables est donc une trace de la mémoire et des usages passés de leur propriétaire, tout en étant une pile de déchets – objets techniques à jamais abandonnés. Cette analogie entre totem – comme lien spirituel et protecteur avec les ancêtres – et data – stockage technique de la mémoire d’utilisateurs – nous invite à questionner la dérive technologique des « modernes occidentaux » décrits par Bruno Latour21. La technique y remplace la nature et devient la seule ontologie possible (ou forcée). Nous formons des totems à sa mémoire — brisée. Ce totem sans énergie représente à la fois l’ontophanie numérique qui est la nôtre en même temps que sa difficulté à s’adapter ou à être utile face aux défis environnementaux actuels. Sans énergie, le numérique devient un objet de représentation, à la fois mémorial, objet alter-énergétique ou au moins relié à nos identités et souvenirs. Et pourtant déjà déchet.

À tort ou à raison, l’habitabilité du monde est aujourd’hui intrinsèquement liée à l’utilisation de technologies numériques. Ces dernières sont à la fois au cœur de notre expérience du monde et régulatrices de notre environnement direct. Mais si l’énergie électrique disparaît, alors tout s’arrête ? L’usage de ces techniques, le fonctionnement de nos sociétés ? L’enjeu est tellement immense qu’il soulève nécessairement des peurs profondes et induit des conflits mondiaux.
Les œuvres ici présentées nous invitent pourtant à changer de point de vue, à décaler notre regard, à comprendre ces technologies différemment. En les ancrant dans une relation à l’environnement direct, Hadrien Téqui, Anna Dumitriu et Alex May proposent à leur manière de repenser la relation entre technique et nature. Non pas dans une opposition ou dans un contrôle de l’un par l’autre, mais de manière plus ambiguë, plus complexe, beaucoup plus liée à la terre, aux ressources et à l’environnement, plus réaliste quant à notre incapacité à maintenir ce rythme à long terme. Mais c’est aussi une relation apaisée que proposent ces artistes, un numérique sans énergie qui pourrait ainsi trouver une place dans l’environnement sans en être seulement le destructeur. Marcel Schwittlick propose un numérique éteint, transformé en totem dont la seule énergie est spirituelle, liée à notre représentation du monde, d’un monde passé dont les traces perdurent.
À perte d’énergie, le numérique ne survit pas, il change de nature et surtout d’objectifs. Il n’est plus un outil, il trouve un nouvel équilibre au côté de l’humain et de l’environnement. Ni utopiques, ni dystopiques, ces propositions fictionnelles rapprochent ces entités et leur destin. Concluons avec un constat d’Émile Durkheim : « L’association entre eux [l’humain et son totem] est si étroite que leurs destinées sont souvent considérées comme solidaires : rien ne peut atteindre l’un sans que l’autre n’en ressente le contre-coup22. »

Bibliographie

  • Frédéric Bordage, Empreinte environnementale du numérique mondial, Étude GreenIt, 2019.
  • Yves Citton, Marie Lechner, Anthony Masure (dirs.), Angles morts du numérique ubiquitaire — Un glossaire critique et amoureux, Dijon, Les presses du réel, 2023.
  • Jean Cristofol, « Fiction et frontière », dans Anti-atlas journal #2, 2017.
  • Luisa Damiano, Paul Dumouchel, Vivre avec les robots. Essai sur l’empathie artificielle, Paris, Seuil, 2016.
  • Raymond Depardon, Errance, Paris, Seuil, 2004.
  • Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse : Le système totémique en Australie, Paris, PUF, 1912 [7e édition, 2013].
  • Emmanuel Grimaud, « Androïde cherche humain pour contact électrique », dans Gradhiva, n°15, 2012.
  • Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991 [Ed. 1997].
  • Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Paris, Seuil, 2015.
  • Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, Paris, PUF, 2013.

Sites web


  1. Yves Citton, Marie Lechner, Anthony Masure (dirs.), Angles morts du numérique ubiquitaire — Un glossaire critique et amoureux, Dijon, Les presses du réel, 2023, p. 3-4.
  2. Frédéric Bordage, Empreinte environnementale du numérique mondial, Étude GreenIt, 2019, p. 8-9.
  3. Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, Paris, PUF, 2013, p. 115. L’auteur précise que : « Ce n’est pas tant l’objet de la perception qui est différent, mais l’acte de perception lui-même qui est changé, puisqu’en faisant une expérience-du-monde dont la qualité ontophanique diffère, c’est la manière de se sentir-au-monde qui est remaniée. »
  4. Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Paris, Ed. Du Seuil, 2015, p. 42-43.
  5. Jean Cristofol, « Fiction et frontière », dans Anti-atlas journal #2, 2017.
  6. Nous utilisons ici le singulier car ces technologies sont principalement liées à l’électricité, quid de la complexité de ses sources et de ses modes de productions.
  7. Emmanuel Grimaud, « Androïde cherche humain pour contact électrique », dans Gradhiva, n°15, 2012, p. 86.
  8. Luisa Damiano, Paul Dumouchel, Vivre avec les robots. Essai sur l’empathie artificielle, Paris, Ed. Seuil, 2016, p. 56.
  9. http://www.hadrientequi.com/index.php/heliotrope/ [consulté le 7 février 2023].
  10. Raymond Depardon, Errance, Paris, Ed. Du Seuil, 2004, p. 100.
  11. https://fr.wikipedia.org/wiki/Archaea [consulté le 7 février 2023].
  12. https://annadumitriu.co.uk/portfolio/archaeabot/ [consulté le 3 février 2023].
  13. Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, op. cit., p. 236. L’auteur décrit cet effet thaumaturgique dans la fluidité d’usage de la technologie, au dépend d’une compréhension de cette dernière.
  14. https://www.cnrtl.fr/definition/totem [consulté le 15 mars 2021].
  15. Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse : Le système totémique en Australie, Paris, Ed. PUF, 1912 [7e édition, 2013], p. 141.
  16. Idem., p. 181.
  17. Ibid., p. 200.
  18. Ibid., p. 223.
  19. Ibid., p. 201.
  20. Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, op. cit., p. 194.
  21. Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, Ed. La Découverte, 1991 [Ed. 1997].
  22. Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse : Le système totémique en Australie, op. cit., p. 225-226.

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