Uranium, walk with me

Uranium, walk with me donne à voir des déchets miniers d’uranium dans la région des Four Corners, constituée par l’Utah, le Colorado, l’Arizona et le Nouveau-Mexique. Au cœur des Four Corners se déploie le Colorado Plateau, plus gros gisement d’uranium des États-Unis. La région fut le fer de lance de l’extraction d’uranium tant pour les besoins militaires que civils, et ce, des années 40 jusqu’à son effondrement avec la fin de la Guerre froide. Le Navajo Land, le territoire Navajo, correspond presque parfaitement au gisement du Colorado Plateau. Les mines y ont fleuri, au mépris des règles de sûreté environnementale et sanitaire. Les déchets miniers radioactifs y sont maintenant entreposés sous la forme d’étranges talus. Dans le meilleur des cas, ces talus ont été recouverts de roches afin d’éviter toute dispersion aérienne (mais qui n’empêche pas la contamination des nappes phréatiques). Parfois, ces terrils jaunâtres ont été laissés tels quels, formant une topographie artificielle et mortifère. Leurs sables radioactifs se dispersent ainsi au gré des vents et des pluies. Que ce soit par l’extraction passée ou le stockage actuel, la pollution radioactive distille sa toxicité et infuse les corps sur des générations, sans discontinuer depuis les années 40. La question de l’extraction d’uranium surpasse ce point de tension déjà très important qu’est la politique extractiviste couplée d’un racisme environnemental. Dans ce cas précis, on parle de colonialisme nucléaire. La pollution nucléaire a cela de particulier qu’elle est millénaire, voire éternelle. Le Navajo Land est ainsi devenu une zone sacrifiée, niant tout avenir pour les futures générations.